Dès le 8 mai 2003, la Maison Saint-Gabriel présente sa nouvelle exposition itinérante: Sur les bancs d’école en Amérique française. Cette exposition retrace, de main de maître, toute l’aventure de l’école française en Amérique depuis l’arrivée des premiers colons, au 17e siècle. Elle fait revivre le quotidien des petites écoles, et nous démontre comment l’école a été – et est toujours – le reflet de notre société.
Au 17e siècle, on est savant lorsque l’on sait lire, écrire et compter. Ce qui n’est pas le lot de tous… En France, pour permettre l’alphabétisation, le clergé et les communautés enseignantes initient les petites écoles que des femmes, pour une bonne part, contribuent à rendre gratuites et publiques.
Ce sont également deux femmes qui vont jouer un rôle de premier plan dans l’établissement des écoles en Nouvelle-France. En 1639, Marie de l’Incarnation ouvre la première maison d’enseignement en Nouvelle-France, au couvent des Ursulines à Québec. En 1658, Marguerite Bourgeoys ouvre la première école à Ville-Marie. C’est une école mixte où l’on apprend, pour la première fois, le catéchisme en français, et non en latin. Les enfants y apprennent aussi à lire, et s’ils y restent assez longtemps à écrire et à «jeter». «Quant à l’écriture, cela n’étant point nécessaire à de pauvres filles, ce serait un temps qu’on leur ferait perdre et qu’elles peuvent employer plus utilement en d’autres choses.» (Jeanne Le Ber) Ces autres choses sont bien sûr les travaux ménagers, «… et autres ouvrages propres aux personnes de leur condition, leur apprenant surtout à se tenir proprement et à confectionner leurs hardes.»
Ainsi en 1668, lorsque Marguerite Bourgeoys achète la Maison Saint-Gabriel, elle en fait tout d’abord un ouvroir, l’ouvroir de la Providence, soit un genre d’école ménagère, où une vingtaine de jeunes filles de Ville-Marie apprennent à tenir maison, à broder et à filer la laine.
Au fil des siècles, la petite école en français s’étend à l’Acadie, à l’Ouest canadien, généralement sous l’égide des communautés religieuses. La notion de savoir et d’école évolue au rythme des changements de société. En 1960, l’enseignement se laïcise. Mais encore aujourd’hui, la Congrégation de Notre-Dame, la communauté fondée par Marguerite Bourgeoys, continue à jouer un rôle important dans l’éducation des femmes, partout dans le monde.