La mi-carême, d’hier à aujourd’hui!

Alors qu’on a bien festoyé le Mardi gras, le mercredi des Cendres commence donc la longue période du carême. Dès qu’on a 21 ans et ce, jusqu’à l’âge de 60 ans bien sonnés, on est tenu de faire son carême, c’est-à-dire jeûner tous les jours sauf le dimanche. Et pas de n’importe quelle façon. On ne peut prendre qu’un seul véritable repas par jour, généralement le midi. Le matin et le soir, il faut se limiter à des aliments très légers. Le carême se caractérise également par une grande retenue dans le domaine des loisirs et de la vie sociale. La vie prend momentanément une allure grave et posée. Le carême devient donc un temps de réflexion et de pénitence.

Mais ce temps de pénitence et de privations est interrompu par une journée de réjouissances. En effet, le troisième jeudi après le mercredi des Cendres, on fête la Mi-Carême qui vient mettre une joyeuse parenthèse dans tout. Ce soir-là, comme au Mardi gras, tous participent à une veillée, chez soi ou encore chez un voisin.

Comme au temps du Mardi gras, les enfants rentrent plus tôt de l’école, ils se déguisent en personnages et sillonnent les alentours dans l’espoir d’obtenir quelques sucreries. Les adultes aussi délaissent les travaux plus tôt et rejoignent les jeunes dans leur ronde de visites. En prévision de celles-ci, les femmes ont popoté comme pour les grandes fêtes et les tables se garnissent d’énormes pâtés de toutes sortes, de ragoûts et de fricassée ainsi que de tartes, de galettes et de crêpes multiples. Tout le monde est en appétit. Voilà 23 jours qu’on se serre la ceinture! Il va sans dire que les assiettes se vident en un clin d’œil. Comme l’alcool est également permis, on s’humecte le gosier sans se faire prier.

À plusieurs reprises, tout au long de cette soirée du reste fort animée, un bruit sourd fait sursauter toute l’assemblée. On frappe dru à la porte du logis. Dans l’embrasure de la porte, des hommes et des femmes masqués ou au visage noirci de suie, vêtus d’étranges vêtements, font irruption. Ils courent la « Mi-Carême ». Il s’agit de voisins ou d’amis qui veulent rejoindre le groupe de fêtards. Dans certaines régions, on mentionne que c’est une vieille dame à la voix nasillarde qui se présente, incarnant la « Mi-Carême ».

Le lendemain, le sérieux reprend le dessus et le carême se poursuit avec ferveur. Bientôt viendra le Semaine sainte, riche de rites populaires et de cérémonies religieuses fortement dramatisées jusqu’à son somptueux dénouement: la fête de Pâques. Fête printanière par excellence, la fête de Pâques met un terme aux privations.